Colloque du 1er février 2022
Former des ingénieurs dans un monde en transitions
Ouverture par Elisabeth Crépon, Présidente de la CTI
Mesdames les Directrices et Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers collègues,
J’ai le plaisir d’ouvrir la dernière journée du colloque de la CTI 2022 et vous souhaite la bienvenue pour cette session entièrement en distanciel. Je tiens à remercier l’école Centrale Marseille qui avait proposé de nous accueillir ; la crise sanitaire nous a conduit à renoncer à une édition 2022 en présentiel mais cela n’est que partie remise.
L’année 2022 vient de démarrer et sera pour l’Europe une année riche pour l’éducation et l’enseignement supérieur avec notamment l’année européenne pour la Jeunesse et également les 35 ans du programme Erasmus. La présidence française du Conseil de l’Union Européenne vient de débuter mettant en perspective l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation dans un monde qui fait face à une crise sanitaire sans précédent et qui doit relever des défis majeurs posés par les transitions écologique et numérique.
C’est ce contexte qui structure notre colloque 2022 : « Former des ingénieurs dans un monde en transitions ». Nous avons commencé à aborder ce thème hier après-midi dans le cadre de l’atelier européen organisé sous la bannière de la Présidence française. Il nous a permis de mettre en perspective la montée en puissance des universités européennes dont de nombreuses universités et écoles d’ingénieurs françaises se sont emparées, la mobilité des étudiants, la création des micro-certificats cumulables, et la définition d’un diplôme européen, dont la première étape pourrait être dès 2022 la création d’un label européen pour les diplômes conjoints.
La question de l’évaluation et de l’accréditation de ces nouveaux objets se pose naturellement. La rédaction des ESGs en 2005 et leur révision en 2015, à laquelle la CTI a participé en tant que membre titulaire de ENQA, a servi de socle à la coopération des agences européennes, qu’il faut sans aucun doute renforcer. Le vice-président de ENAEE a souligné hier lors de son intervention que l’existence du label EUR-ACE© pour la formation d’ingénieur basé sur un référentiel européen unique constitue un atout remarquable pour aborder la création d’un diplôme européen d’ingénieur. La CTI a participé activement à la construction de ce label en 2006 et le délivre depuis le début. Être une partie prenante active des transformations de l’enseignement supérieur caractérise l’action de la CTI depuis sa création et c’est ainsi que nous avons souhaité nous associer plus étroitement à ces nouvelles perspectives européennes en rejoignant le conseil d’administration de ENAEE. En 2022, la CTI poursuivra son action, acteur engagé dans la coopération, au niveau national avec le ministère, les écoles, ses partenaires, le Hcéres… mais aussi au niveau européen, confirmant ainsi son rôle dans le paysage européen de l’assurance qualité. La Commission des titres d’ingénieur ne manquera pas de vous informer de l’avancement de ces travaux.
La journée d’aujourd’hui est consacrée à la campagne d’accréditation qui débute. Ce colloque marque le lancement officiel de la campagne d’accréditation 2022-2023 des formations d’ingénieurs et des formations de bachelors en sciences et ingénierie. Cette campagne est centrée sur la vague C, laquelle, comme vous le savez, a été décalée d’une année. Ce sont les écoles de cette vague ainsi que celles qui ont sollicité une demande d’ouverture de formation d’ingénieur ou de bachelors en sciences et en ingénierie pour la rentrée 2023 qui sont concernées par la campagne d’accréditation 2022-23.
Nous reviendrons bien sûr sur le bilan de la campagne précédente. Les deux années écoulées ont été porteuses de nombreux défis pour les écoles d’ingénieurs et pour leur communauté : assurer l’ensemble de leurs missions dans un contexte impliquant des changements d’organisation répétés mais nécessaires en particulier pour les modalités d’enseignement aux étudiants. Ces derniers ont souffert, nous le savons, des périodes d’éloignement des campus et de l’absence de vie étudiante et associative. Je voudrais saluer la résilience dont les écoles d’ingénieur, leurs personnels, les enseignants et enseignants-chercheurs et les étudiants ont fait preuve. Être à l’écoute des questionnements et des difficultés des écoles et tenter d’y répondre dans le cadre de nos missions a guidé l’approche de la CTI pendant ces derniers mois. Nous avons ajusté, en temps réel, l’application de R&O modifiant notamment les exigences en termes de mobilité internationale, de réalisation des stages en entreprise. Puisque cette situation inédite conduisait les établissements à s’interroger sur la façon de garantir une formation de qualité à leurs étudiants, la CTI a multiplié les échanges avec les conférences d’établissements et les écoles de manière à accompagner au mieux ces dernières. Nous avons pu constater et avons été très impressionnés par leur agilité et par la pertinence, l’originalité des dispositifs qu’elles ont mis en œuvre. Je pense notamment aux activités pédagogiques que les écoles ont conçu pour pallier l’absence de mobilité internationale.
Enfin bien que la pandémie ait conduit certains établissements à différer des projets de développement ou de nouvelles formations, l’engagement et le dynamisme des écoles conduit toujours à une offre croissante de formations d’ingénieurs ou plus récemment de bachelors en science et en ingénierie dans des domaines en tension. Nous le savons les branches professionnelles indiquent la nécessité de former plus d’ingénieurs dans plusieurs secteurs. Cette nécessité a pour conséquence une campagne 2022-2023 particulièrement chargée pour la CTI.
C’est à l’occasion du colloque que nous présentons la nouvelle édition du référentiel « références et orientations » de la CTI. Nous avons souhaité pour l’édition 2022 revoir en profondeur la structure et le contenu de R&O avec l’intention notamment d’intégrer les enjeux des transitions que la société, le monde économique et donc l’enseignement supérieur doivent appréhender. Le référentiel n’a pas subi une révolution car la continuité fait partie des caractéristiques indispensables de l’évaluation, mais une évolution importante pour ajouter ces nouveaux enjeux. Nous aurons le plaisir d’accueillir dans quelques minutes deux intervenants : Laurent Giovachini du monde socio-économique et Philippe Dobrinski du monde académique, comme témoins et acteurs de ces transitions. Je les remercie d’avoir accepté d’intervenir en ouverture de ce colloque.
La révision périodique répond au moins à deux objectifs : d’une part, assurer l’adéquation permanente du référentiel avec les attentes de la société et plus spécifiquement des parties prenantes des écoles et formations d’ingénieurs, les entreprises, le monde socio-économique, les étudiants et, d’autre part, accompagner la transformation des écoles d’ingénieurs au sein d’un enseignement supérieur en pleine évolution comme cela a été souligné hier après-midi lors de l’atelier européen.
Nous reviendrons plus en détail en milieu de matinée sur les évolutions de R&O 2022. Le référentiel a été enrichi pour tenir compte des nouvelles modalités pédagogiques basées sur les outils numériques expérimentés par les écoles depuis la crise sanitaire, les enjeux de la Responsabilité sociétale et environnementale, la formation à la transition verte…
Cette version 2022 vise à mieux répondre aux attentes et aux besoins des acteurs. Elle ne doit en aucun cas être considérée comme un cadre rigide. Ainsi, au-delà du référentiel, l’appropriation par les écoles, leur stratégie et leur dynamique de mise en œuvre constituent des dimensions essentielles de la démarche d’évaluation et d’accréditation. Il me paraît important de rappeler que c’est bien cette approche qui a permis progressivement aux écoles de se doter d’une démarche qualité et d’un système d’amélioration qualité, de s’approprier la démarche compétences devenue aujourd’hui indispensable pour prétendre à la certification RNCP, de forger l’internationalisation de leur formation et d’assurer à leurs diplômés les compétences nécessaires à une activité professionnelle dans un contexte international, de s’engager résolument dans la formation par apprentissage, de revendiquer des progrès significatifs et une maturité acquise dans ces différentes dimensions.
L’intervention de Mme Anne-Sophie Barthez, DGESIP, conclura cette matinée. Je la remercie de sa participation à notre colloque malgré un agenda chargé par l’actualité européenne.
Enfin, je tiens à remercier le comité scientifique du colloque présidé par Jean-Louis Allard vice-président de la CTI, toute l’équipe permanente de la CTI sous la responsabilité de Marie-Jo Goedert et particulièrement Florianne Rasplus qui assure depuis plusieurs mois la coordination logistique de l’évènement, l’association Adera pour l’organisation et le support technique.
Je vous souhaite un excellent colloque et des échanges riches et stimulants tout au long de la journée. Je vous remercie de votre attention.