« Taux d’abandon en formation d’ingénieur » par Laurent Mahieu


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L’AQU, Agence d’assurance Qualité de la Catalogne, s’est adressée à la CTI afin d’avoir une indication des taux d’abandon en formation d’ingénieurs. Elle souhaitait en effet disposer de points de repère internationaux pour l’analyse des formations d’ingénieurs en Catalogne.

Cette demande a été l’occasion d’une première analyse transverse des données certifiées par les écoles d’ingénieurs en ce qui concerne les données des rubriques IV.6 et IV.7. Dans cette première note, nous nous intéressons uniquement au taux d’abandon des étudiants recrutés post-bac.

Quelques constats rapides :

On dénombre 13 580 recrutés post bac sur la base des données fournies par 98 écoles, déclarant soit des recrutés soit des taux d’échec. Cependant, 14 écoles ont fourni des données incomplètes ou incohérentes :

  • 7 écoles ont indiqué des recrutés mais n’ont pas renseigné les données de taux de passage
  • 3 écoles ont indiqué des taux de passage mais pas de recrutés
  • 5 écoles ont indiqué des taux de passage cumulés différents franchement de 100 % (dont une n’a pas indiqué de recrutés)

Les 84 écoles restantes rassemblent 12 517 élèves sur lesquels :

  • 80,9 % sont passés directement en deuxième année
  • 05,8 % ont redoublé
  • 13,3 % ont été réorientés ou exclus ou ont démissionné

Concernant le passage direct en 2ème année :

  • 15 écoles affichent un taux supérieur ou égal à 90 %
  • 35 écoles un taux compris entre 80 et 90 %
  • 19 écoles un taux compris entre 70 et 80 %
  • 15 écoles un taux inférieur à 70 %

Concernant les réorientations / exclusions / démissions, 40 % des écoles présentent un taux d’abandon supérieur à 20 %,  10 écoles présentent un taux supérieur ou égal à 25 % dont 4 supérieur à 33 %. Ces situations « extrêmes » interrogent soit sur la qualité du processus de recrutement, soit sur la qualité de l’accompagnement.
En excluant les données extrêmes de chaque côté du spectre (10 % des écoles au taux d’abandon le plus faible ou le plus fort), sur la base des 68 écoles restantes, les résultats moyens sont identiques.

Ramené à la population totale, le taux de 13,3 % des recrutés post-bac qui démissionnent, sont exclus, ou se réorientent, correspond à plus de 1 800 jeunes gens.

Voici donc des éléments qui interpellent la Commission sur différents aspects :

  • la non-qualité présente encore dans les données saisies et pourtant certifiées par le directeur de l’école
  • le nombre conséquent d’écoles présentant un taux d’abandon supérieur à 20 % qu’il conviendrait de mieux expliciter dans les rapports d’autoévaluation
  • l’effectif total des jeunes qui sont amenés à se réorienter à l’issue d’une première année en école d’ingénieurs

[Compléments parus dans la lettre d’information de Septembre 2017 :]

Suite à notre article sur l’abandon en fin de première année post bac en école d’ingénieurs dans la lettre d’information CTI de juillet 2017, la publication de nouveaux chiffres permet une analyse complémentaire.

 

Les données globalisées fournies par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche apportent une mise en perspective pluriannuelle : ainsi, la note d’information 2016 (n°16.04, juillet) analyse le cursus des étudiants inscrits en 1ère année de cursus préparatoire intégré en 2011-12; et la note d’information 2013 (n°13.04, mai) renseigne sur le cursus des nouveaux inscrits à la rentrée 2008 :

  • Sur les 8 572 entrants 2008, 2 419 étudiants n’atteignent pas le cycle ingénieur, soit 28 % ; 17 % n’accèdent pas à la deuxième année du cycle préparatoire.
  • Sur les 10 662 entrants 2011, 3 269 étudiants n’atteignent pas le cycle ingénieur, soit 31 % ; 22 % n’accèdent pas à la deuxième année du cycle préparatoire.

Ainsi, 60 % des recrutés en CPI font le cycle en deux avec succès ; 10 % le réussissent en 3 ans et 30 % se réorientent (autre choix, abandon, exclusion, échec). Par rapport au résultat issu des données certifiées (13,3 %), le taux d’abandon en fin de 1ère année apparait ici plus important (22 %).

Une analyse plus approfondie serait utile, d’une part pour comprendre l’origine des écarts constatés entre les deux recueils de données, et d’autre part pour interpréter la tendance à la hausse entre 2008 et 2011.

A suivre, donc !