L’ingénieur citoyen
Tel était le titre de la table ronde organisée par le BNEI à l’occasion de son assemblée générale et à laquelle Laurent Mahieu a participé, ainsi que des représentants de l’académie des technologies, de Femmes Ingénieures et de IESF.
Voici quelques éléments de son intervention :
Sur cette question de l’engagement citoyen de l’ingénieur, il y a lieu sans doute de bien aborder d’une part l’engagement de l’ingénieur dans son métier et l’engagement de la personne en tant que citoyen, la citoyenneté s’exerçant à différents niveaux.
Engagement et responsabilité vont de pair.
En tant que professionnel, l’ingénieur à la responsabilité de concevoir et produire des « choses » qui marchent et d’être mesure de répondre au comment ça marche et au pourquoi ça marche.
En tant que citoyen il a la responsabilité de comprendre le fonctionnement de la « société » dans laquelle il est et d’en identifier les besoins.
Le concept de l’ingénieur – citoyen permet d’associer la responsabilité de concevoir et de produire à celle de répondre aux besoins de la société. Ceci ne va pas toujours de soi et peut être générateur de dilemmes, de conflits, etc.
Dès lors cela nécessite de disposer de la capacité au questionnement éthique plus que de fixer l’éthique dans un cadre. La pratique de mise en questionnement de ces dilemmes doit pouvoir être mise en situation durant la formation.
Durant celle-ci, l’engagement citoyen de l’élève ingénieur se traduit d’abord vis-à-vis du processus même des études (engagé dans la réussite, engagé dans les processus qualité/évaluation/choix, engagé dans les élections internes, etc.) considérant notamment qu’une bonne part des études est financée par le reste de la société française.
D’autres engagements citoyens volontaires externes sont désormais habituels sur de nombreux champs : responsabilité associative, engagement humanitaire, intellectuel ou culturel, vulgarisation scientifique, syndical, etc.
Le rôle des structures de l’enseignement supérieur dans cette dimension citoyenne est exprimé dans de nombreux textes sur des registres différents : au niveau européen le comité des ministres attend que l’enseignement supérieur prépare les étudiants à une vie de citoyen actif ; en France, le code de l’éducation précise que les établissements « concourent à l’éducation à la responsabilité civique » ; R&0 2016 attend de l’ingénieur qu’il dispose de l’aptitude à prendre en compte les enjeux et les besoins de la société. Ceci peut s’éprouver tant dans les démarches pédagogiques mises en œuvre par l’école que dans les activités volontaires de l’élève.
Concernant les activités personnelles (individuelles ou collectives), l’école « considère que la vie étudiante … est un élément fondamental pour la réalisation des objectifs de formation et y contribue » (CTI – R&0 2016 Livre 1 § C.5.4). Dès lors se pose la question de « la reconnaissance de l’apprentissage non formel et informel » ainsi que le mentionne les ESG 2015 (§1.4). Il s’agit moins de reconnaître l’effectivité de l’engagement citoyen que d’identifier les compétences qui y sont développées.
L’attribution de crédit ECTS doit répondre à cette exigence ! Voici de beaux sujets de travail dans les écoles entre la direction et les représentants des élèves au sein des différents conseils !