Les 80 ans de l’ingénieur diplômé par l’État (SIDPE)


Par Laurent Mahieu, Président de la CTI

La CTI se devait d’être présente au colloque consacré aux 80 ans de la Société des ingénieurs DPE (SIDPE), le samedi 2 décembre 2017. En effet cette voie originale de délivrance du diplôme d’ingénieur a été créée en 1934 par la même loi que celle qui a institué la CTI.

Cette loi contenait 3 nouveautés qui se situent encore aujourd’hui sur les lignes de crête de l’actualité et des évolutions à apporter au dispositif IDPE :

  • La reconnaissance internationale des diplômes : la loi de 1934 a institué la « reconnaissance par l’État » des diplômes d’ingénieurs délivrés par les établissements étrangers, après avis de la CTI. Cette reconnaissance internationale est toujours en chantier : rares sont les accords binationaux de reconnaissance mutuelle des diplômes. Cependant les centres ENIC – NARIC se mettent en place, et l’émergence des labels qualité comme EUR-ACE® est une voie alternative pour les diplômes d’ingénieur.
  • La validation et la certification individuelle des compétences académiques et professionnelles : avec le dispositif IDPE, la loi de 1934 offre la possibilité à des ingénieurs maison, à des autodidactes, de faire reconnaitre à la fois leur carrière professionnelle sur le métier d’ingénieur et leur connaissances scientifiques et techniques. La mise en place de ce diplôme et ses évolutions se sont faites sous l’avis favorable de la CTI. Ce processus de validation académique et professionnelle mené en école d’ingénieurs a constitué le premier diplôme accessible par la VAE (et uniquement par elle) ! Aujourd’hui, le sujet est toujours d’actualité avec les réformes successives en matière de VAE et de certification professionnelle (cf. le RNCP, le CNEFOP, le CPF et l’entretien professionnel, etc.)
  • L’assurance qualité externe (1) « paritaire » (2) des programmes de formation d’ingénieurs (3) et l’accréditation (4) : la mission et la composition de la CTI ont été décidées par le législateur en 1934 avec une grande clairvoyance. Ces quatre dimensions sont aujourd’hui toujours plus d’actualité. Elles ont été confirmées à divers niveaux comme dans les ESG, dans les exigences du RNCP, et dans la loi ESR de 2013.

Les témoignages de diplômés IDPE au cours du colloque ont bien montré l’utilité du dispositif, qui apparaît comme :  une « seconde chance » après des études supérieures courtes et une longue période professionnelle de qualité ; une reconnaissance des acquis indispensable pour les projets ; un tremplin pour la suite ; et une alternative à la VAE de diplômes construits pour des formations initiales.
Il s’agit également d’un processus exigeant avec 3 étapes de validation comprenant notamment un jury en école d’ingénieur composé d’enseignants chercheurs et d’ingénieurs en exercice, et un jury national composé de directeurs d’écoles et de membres de la CTI. Aujourd’hui encore, l’APEC dénombre 50 000 passages de cadres par an, et si peu font l’objet d’une VAE qu’il y a lieu de s’interroger.La SIDPE constitue un observatoire pertinent et assez unique de parcours professionnels boostés par la VAE menant à un diplôme national conférant le grade de master.
Dans la dynamique des discussions en cours sur la formation professionnelle et les différentes voies de de certification, il nous faut prendre conscience des limites actuelles et des atouts d’une telle diplômation pour valoriser les carrières professionnelles et permettre les développements ultérieurs, au bénéfice des personnes, des entreprises, des écoles et de la société, dans un cadre inclusif et reconnu.

À l’avenir, après les réformes du dispositif intervenues en 1975 et 2001, certaines évolutions sont à entreprendre permettant d’identifier mieux le portefeuille de compétences des candidats à la lumière du Niveau 7 du Cadre Européen de Certification pour les parcours professionnels (2015), du référentiel EUR-ACE® (2015) et du référentiel de la CTI (R&O 2016), en vue de rédiger les fiches RNCP, et ceci sous le pilotage du ministère en charge de l’enseignement supérieur qui délivre le diplôme. Le dispositif devrait sans doute trouver une plus grande fluidité dans sa temporalité ou bénéficier de points d’appui tel que le conseil en évolution professionnelle de l’APEC afin d’outiller le travail de validation du parcours professionnel. Enfin, le « service rendu » par les écoles devrait être pris en compte au niveau des frais d’inscription et l’enregistrement au RNCP devrait être un objectif à court terme.